Comment survivre à sa judéité, son homosexualité, son véganisme, son masochisme, sa bêtise ou son cancer quand on est Parisien, presque quarantenaire et autocentré ? Cette comédie drôlatique et nombriliste tente de répondre à cette question en multipliant les rosseries, les sarcasmes et autres jouissives méchancetés.
Amants, amis ou les deux, les cinq personnages de cette bouffonnerie particulièrement bien écrite (du Woody Allen à la sauce parigote) s'agitent dans le bocal de leurs conformismes et s'acharnent avec délectation à tirer les premiers de peur d'être mitraillés à leur tour.
La mise en scène maligne fait la part belle à un système-D efficace (un seul meuble se métamorphosant en divan de psy, en rame de métro, en salle de cinéma ou en bar interlope) et déploie des décors à la ligne claire (La Linéa n'est pas loin !) tracés aux pinceaux lumineux : une vraie belle idée à l'efficacité redoutable.
Le plaisir des comédiens à se renvoyer des dialogues corrosifs est contagieux et la nonchalance séduisante de Rudy Milstein (en raté attendrissant), l'insupportable morgue d'Erwan Téréné (en mufle narcissique), l'abattage caustique de Baya Rehaz (en pleurnicheuse acariâtre), la gentillesse maladroite d'Ariane Boumendil (en attachiante malade) et l'autosatisfaction béate de Nicolas Lumbreras (en cordonnier malchaussé) font tout le sel de ce spectacle désopilant sur notre ultra-moderne solitude.
Une quête du bonheur croustillante !
Merci Marc.