Les chatouilles ou La danse de la colère - Andréa Bescond - Déborah Moreau

Bien sûr le sujet -une répétition de viols pédophiles- est sensible et basé sur la propre histoire de l'autrice.

Bien sûr, victime d'un ogre, le parcours de la jeune Odette, sauvée par la danse, soulagée par l'alcool et les drogues, est particulièrement émouvant. La croisade qu'elle mènera contre son agresseur en dépit de l'aveuglement de sa mère et des défaillances de son père lui permettra de poursuivre sa route, enfin réconciliée avec son enfance profanée.

Bien sûr, la performance jouée et dansée de Déborah Moreau est digne d'éloges : dans un jeu schizophrénique, elle interprète près d'une dizaine de personnages, passant de l'un à l'autre en quelques secondes, puis sans reprendre haleine se désarticule en une chorégraphie survoltée avant de reprendre le cours de la pièce.

Bien sûr...

Et pourtant je n'ai pas adhéré à cette suite de sketches caricaturaux où défilent d'improbables et grotesques personnages : un prédateur à l'accent marseillais surjoué, une professeur de ballet poissarde, une mère guindée aux allures de vamp hautaine, un flic couillon, un réalisateur de clip suintant de vulgarité phallocrate, etc. Démonstratif et bavard, le texte semble fuir son sujet et l'émotion qu'il suscite.

Dans cette résilience chaotique, le témoignage de l'enfant devenue adulte est systématiquement parasité par une musique incongrue, un comparse envahissant ou une chorégraphie convulsive à l'image d'une dragée enrobée d'une couche de sucre trop épaisse pour exalter l'amertume de l'amande qu'elle emprisonne.

Du théâtre utile, sincère mais médiocre.