Vernon Subutex (3) - Virginie Despentes

Ambiance Le crime de monsieur Lange, Renoir, Prévert.

Convergence : phénomène selon lequel des êtres d'espèces différentes présentent des caractères communs dus à une adaptation analogique à un même milieu. Vernon mixe et l'univers danse : plus besoin d'adjuvants illicites, la musique comme drogue ultime.

On a pris l'habitude : c'est donc avec un bonheur sans mélange que l'on passe d'un personnage à l'autre, d'un univers à l'autre. On adopte ces doux dingues, on regrette leurs faiblesses, leurs lâchetés mais on aime aussi leurs coups d'éclat, leur implacable vérité. Le clan soudé autour de Vernon Subutex reproduit une Thélème zadiste (" Fais ce que voudras "), un phalanstère hippie et le lecteur flotte sur son petit nuage.

Patatras, l'argent et le pouvoir minent cette utopie rose bonbon. Un héritage inattendu et la vengeance de l'ignoble Dopalet (on pense à Batala dans Monsieur Lange : on imagine aussitôt Jules Berry tatoué d'un samouraï dans le dos, baisant avec fureur, sniffant avec démesure et vice-versa) vont bouleverser nos héros favoris.

Dans cet ultime épisode, l'auteur vilipende toutes les violences faites aux femmes, rend grâce aux mouvements sociaux type "Nuit debout" et toute son âme trémule de peur face aux attentats de masse. Véritable diatribe politique ce troisième volume prône le collectif et le partage. A gauche toute : Despentes présidente!

Ambiance Les Visiteurs du soir, Carné, Prévert.

On imaginait exulter jusqu'à la dernière page mais la sournoise auteur nous déstabilise. Le finale glaçant frise le suicide littéraire : on n'a rien vu venir et c'est l'apocalypse. Après un tel shoot, la descente est raide.

Subutex pour tout le monde.

Le Diable : "Voilà bien le silence que j'aime. Un silence de mort. Qu'est-ce que c'est ? Quel est ce bruit ? Mais c'est leur cœur que j'entends ! Leur cœur qui bat ! Qui ne cesse de battre ! Qui bat ! Qui bat ! Qui bat ! Qui bat ! Qui bat ! Qui bat... qui bat... qui bat... qui bat..."

Chef d’œuvre sous speed!

Merci à Anne-Sophie, Philippe et Marco