La huitième histoire dix-neuf ans plus tard...
Évidemment j'aurais préféré l'un de ces gros romans touffus concocté avec gourmandise par Rowling plutôt qu'une pièce de théâtre mais faute de grives...
Nul besoin de philtre d'amour pour éprouver un véritable bonheur à retrouver les héros de la saga Potter : le texte est habilement tissé qui mêle rebondissements abracadabrants et scènes intimistes, les personnages n'ont rien perdu de leur charme et les nouveaux venus (la 2ème génération) sont suffisamment originaux pour qu'on les adopte aussitôt.
On retrouve avec joie des leitmotivs familiers : la filiation, l'héritage, le libre arbitre et on s'amuse à retrouver les inventions fantasmagoriques de Rowling, éclatant comme autant de bulles irisées à la surface de nos pensines de grands enfants (Polynectar et Chocogrenouilles, sortilèges de Patronus et autres Wingardium Leviosa).
L'argument principal de l'ouvrage est l'utilisation par des enfants de Retourneurs de Temps (considérablement améliorés depuis Le Prisonnier d'Azkaban) : armes redoutables, ceux-ci permettent de modifier le passé et par conséquent l'avenir donc le présent (cf. La Jetée ou L'Armée des douze singes). Nul doute que Rowling en a réellement manipulé un pour si bien me projeter dans mes souvenirs de lecteurs, prolongeant soudain encore le plaisir immense ressenti lors de ma découverte de son univers magique.
A l'instar de Marcel et sa madeleine, "et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant" tous les arbres de la Forêt Interdite, les maisons de Godric's Hollow, et les bonnes gens de l'ordre du Phénix et les maisons de Poudlard et les sorts à jeter, les potions à avaler, "tout cela qui prend forme et solidité, est sorti", héroïques sorciers et abominables adeptes de la magie noire, de cette pièce en quatre actes.
Cette fois-ci c'est bien fini... Avada Kedavra!