La ligne de démarcation.
En 1914, un écrivain tokyoïte, fervent adorateur de la culture occidentale, apprend l'anglais avec un aventurier allemand. Une amitié fragile s'ébauche...
Télescopage drôlatique entre deux mentalités à un moment crucial de l'histoire du monde, cette nouvelle (du Henry James à la sauce Yakitori) confronte deux visions du monde. Pour le Japonais qui encensait la supériorité spirituelle de l'homo occidentalis, ce rapprochement est terriblement déceptif : le gentleman germain se révèle un pitoyable paltoquet, inculte trousseur de kimonos.
Ce qui retient l'attention dans cette nouvelle somme toute anecdotique c'est le portrait en creux des mœurs japonaises : civilité feinte, codes sociaux astreignants, sexualité sophistiquée, xénophobie intrinsèque... En décriant l'étranger, Tanizaki se flagelle en un cocasse effet boomerang.