Fatum, Kismet, Mektoub,...
Pour exorciser son ancienne douleur, conjurer sa présente affliction, mettre un terme à sa désolation et les fondre en un post-scriptum ultime, Brigitte Giraud hante une fois encore les lieux et les moments qui ont vu son existence basculer. Le 22 juin 1999, son homme, le père de son enfant se tuait bêtement en moto -qu'y a-t-il de plus inepte que la mort ?-. Depuis en Clotho inversée, elle ne cesse de retisser les fragiles fibres d'une vie brutalement sectionnée par les ciseaux du destin.
Et si ?
Sa culpabilité la pousse à s'interroger : l'inévitable pouvait-il être évité ? Avec ses mots simples, l'écrivain enquête sur le faisceau de circonstances qui ont autorisé cet anéantissement préprogrammé. Ni joliesses larmoyantes, ni lamentations tapageuses dans ce court roman, juste la volonté de remettre entre les mains d'un destin aveugle et tout-puissant un évènement trivialement absurde. Mettre de la cohérence là où il y en eu si peu.
Émouvante, cette perquisition intime fait écho à nos propres deuils. La dernière page tournée, l'apaisement de Brigitte Giraud -fragile, fugace, précaire, sans doute- résonne comme l'amorce d'un "amor fati" analgésique.