Les Faits, Autobiographie d'un romancier - Philip Roth

"(...) déshabiller la fiction des atours de l'imagination pour atteindre au cœur des faits (...)"

Un pas de côté. Après avoir exposé ses sacrés textes, Philip Roth nous soumet les discussions exégétiques auxquelles ils donnent lieu...

Le romancier prévient sa créature, Nathan Zuckerman, qu'il va se livrer à un exercice salvateur : écrire sa propre autobiographie, rincée de la moindre fantaisie ! Il aborde donc en un pentateuque mémoriel son enfance à Newark, sa découverte du monde universitaire, sa funeste union avec une femme qui n'était pas son genre, les violentes controverses qu'ont provoquées ses premières nouvelles et enfin, le succès venant, une vie sentimentale apaisée.

Décalques continents du cycle Zuckerman, Les Faits semblent bien fades comparés à la verve frénétique de leurs extravagants prédécesseurs. Ces confessions, estampillées scrupuleuses, constituent cependant l'indispensable appendice à la trilogie farcesque.

L'authenticité promise -refus de l'outrance, recherche de l'exactitude (un leurre ?)- dissone avec le foisonnement fallacieux des premiers romans. En aplatissant ses souvenirs, Roth nous permet de visiter sa petite fabrique : il nous expose le patron, la trame, le carton de ses créations de fiction et c'est tout à la fois fascinant et jubilatoire. Démêler le vrai faux du faux vrai, et vice versa, c'est le jeu équivoque dans lequel nous entraîne un écrivain décidément goguenard.

En romancier gigogne, Roth n'en finit pas de se démultiplier ; la lettre ouverte de la créature (Zuckerman) à son démiurge qui clôt de façon remarquable l'ouvrage brouille définitivement les pistes.

La gémara du Talmud rothien.