/image%2F1975699%2F20230122%2Fob_c2e7d9_398774-2x.jpg)
"Était-il heureux ? Si on le lui avait demandé, il aurait répondu oui sans hésiter."
Troublant roman que celui-ci qui mêle les temps, alterne les voix narratives, tour à tour omniscientes ou simples témoins, et qui distille les faits au goutte à goutte, mystifiant ainsi ses lecteurs.
Qui Tony Falcone a-t-il tué ? Sa dévorante maîtresse dont la vulve s'ouvre dès les premières lignes comme une dionée à repaître ? Son épouse, insipide ménagère, dont les tâches quotidiennes s’égrènent en un continuum fastidieux et morose ? Son rival, mollusque souffreteux et unique rejeton d'une mégère ?
L'économie de moyens du romancier sidère toujours autant : écriture blanche, refus de l'épate, narration et dialogues congrus. Simenon parvient, en rebattant ses cartes, à nous offrir une nouvelle variation sur un même thème. Une fois encore, il dresse le portrait en creux d'un homme à la croisée des chemins, entre résignation et rébellion. Son héros -fils d'émigré italien- n'a toujours poursuivi qu'un seul but, son intégration : un métier, une famille et la reconnaissance sociale. Sa liaison adultère avec la concupiscente Andrée provoque une secousse sismique dans ses certitudes.
Tendu comme une corde, ce récit oppressant de l'engloutissement d'un héros rattrapé par le fatum simenonien, ne débande jamais et son ultime phrase, à l’ambiguïté maléfique, se fiche en nous avec brutalité.
Déstabilisant.