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Un demi-cercle de monolithes blancs, un Stonehenge futuriste, ceinture la scène et les instruments, laissant présager une cérémonie païenne. Lorsque déboulent les musiciens, une danse sacrale frénétique s'ébauche aussitôt dans la salle qui, par la magie d'un éclairagiste sorcier, se transforme selon les tempi en boudoir poudré, en peep-show criard, en cimetière gothique ou en mystérieux aquarium.
La voix d'Arthur Teboul -le feu d'une lame qui mordrait un menton à rebrousse-poils- plane au-dessus de morceaux denses, saturés de riffs incandescents. En grand ordonnateur de ces pompes barbares, le chanteur dandy, mi-crooner, mi-diseur, nous souhaite une bonne nuit, aborde un paquebot errant, grimpe dans un oiseau de métal, effleure des écrans délétères, fait l'amour à mort dans une pinède ou déplore notre monde malade...
Quand son chant se détache, limpide, d'une instrumentation par trop invasive, on décèle chez Teboul une familiarité avec de grands anciens, Aznavour ou Mouloudji et on se prend à rêver à un récital piano-voix où l'on chavirerait à l'écouter reprendre du Ferré, du Barbara ou à fouiller le sillon creusé par des Marianne Oswald, Damia ou Guidoni...
Plus rock que pop, le concert flamboyant se clôt sur L'Affiche rouge poignante d'Aragon-Ferré et ce moment suspendu s'éternise bien après la fin du spectacle.
Gorgeous !