"Et après ? Crois-tu que ça me gêne pour vivre, d'être mort ?"
Dans cette machiavélique histoire d'héritage, Lupin, faraud et indestructible, se pavane et joue de son charme malgré menaces et coups du sort. En effet, il a fort à faire contre un ennemi de l'ombre dont le pouvoir de nuisance semble inaltérable. D'autant plus que le cœur (d'artichaut) de notre héros bat la chamade et qu'il se meurt d'amour pour la coupable toute désignée d'une série de crimes odieux.
Pure galéjade, invraisemblable carabistouille ! Les Dents du tigre*, conséquente aventure lupinienne, accomplit la fusion entre mélodrame vieillot et serial impétueux : opulence des dialogues, improbabilité des situations, outrance des attitudes...
Comme dans les sagas de Louis Feuillade, les personnages, yeux charbonneux et mains éloquentes, ne craignent pas la surabondance, soulignant par leur attitude théâtrale, le moindre sursaut moral.
C'est sa sublime outrecuidance qui sauve l'Arsène du ridicule. Qu'il trépigne d'impatience, de colère ou de passion, le charme suranné et insistant du gentleman cambrioleur agit sur le lecteur vanné par tant de rebondissements capillotractés. On pardonne tout à cette adorable crapule !
C'est sa célérité farfelue qui sauve Leblanc de l'oubli. Ne reculant devant aucun excès d'imagination, il mène son récit tambour battant, multipliant cachettes secrètes et mécanismes meurtriers, plans diaboliques et intuitions providentielles, sanglots déchirants et rires démoniaques en un tourbillon de péripéties. On excuse beaucoup à cet excellent faiseur.
Comme le Guignolet kirsch de Mamie... on s'en écœurera avant d'être ivre !
* Le titre est une pure escroquerie !