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Une ballerine tourne sur elle-même, la rengaine aigrelette d'une boîte à musique lui donnant la cadence. Tutu s'ouvre donc sur un lieu commun affligeant de banalité avant de faire exploser en mille morceaux l'univers de la danse.
Quel dynamitage ! Rien ne résiste aux six danseurs frénétiques mis en scène par Philippe Lafeuille. Du ballet classique (tempête sur le Lac des Cygnes) à la danse contemporaine (clins d’œil taquins à Pina Bausch et ses collègues), du théâtre arty à l'opéra lourdement wagnérien, des chorégraphies de salon (avec un délirant hommage à "Danse avec les stars") au flamenco traditionnel, ils ne respectent rien ! Une bande de folles almodovariennes violentent Terpsichore et le public, chauffé à blanc, en redemande.
Mais au-delà de ces parodies burlesques, ce qui frappe durablement les esprits ce sont les qualités exceptionnelles de cette bande de déjantés. Pendant que l'un d'eux monte sur ses pointes, un autre se métamorphose en Loïe Fuller, tourbillonnant dans des voiles arachnéens, un troisième danse avec son dos, nous offrant la poésie d'un corps parfait. Arabesques, battements, sauts de biche, entrechats... le spectacle fulmine de joyaux chorégraphiques magnifiés par une bande-son exceptionnelle (Bach, Umebayashi, Ravel ou Alberto Iglesias).
Pour finir la salle entière chante et se trémousse sur la valse n°2 de Chostakovitch, complètement tutufiée...
Jouissif !