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Secouons les dés... Dans le train de nuit qui les mènent vers Briançon, une poignée de femmes et d'hommes font connaissance : le roulis réconfortant de l'Intercités et l'atmosphère ouatée des voyages nocturnes entre sens exacerbés et attention relâchée rapprochent pour quelques heures les cœurs et les corps.
Les dès sont pipés... Philippe Besson nous prévient : au bout du chemin, la mort est au rendez-vous. Une angoisse infuse le récit. Sous sa légèreté de façade, l'écriture sans fioriture du romancier distille l'équivoque. Qui doit mourir ? Pourquoi ? Comment ? En démiurge inflexible, Philippe Besson, ici au meilleur de son talent, allégorise son métier en abandonnant ses personnages à un hasard de convention. C'est lui seul qui a tissé ce patchwork de destins et qui, à la fois Clotho, Lachésis et Atropos, manie quenouille et ciseaux. La fin paroxystique nous laisse les nerfs à vif. On aurait aimé arracher sa plume à l'auteur et, prophète thaumaturge ou sentimental biseauteur, imaginer une fin qui nous caresse. Las, elle nous lacère.
Les dés sont jetés... Je referme le livre, inconsolable. Encore une fois, Besson m'a piétiné le cœur.
Percutant.