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""Quelles belles fleurs quand même ! ces chrysanthèmes, dit Mme Buttet. - J'aime surtout les jaunes", dit Hélène."
Son titre trivial, qui résonne comme un poncif, est à l'image de ce roman tristement banal. Ramuz y consigne sèchement les errements sentimentaux d'un notaire de la province vaudoise, homme falot aux ambitions limitées. Marié presque malgré lui à une jeune cachectique, cireuse comme un coing, chaste et pudibonde, il trompera, une fois veuf, son souvenir dans les bras d'une robuste valkyrie, dénuée de tout sens moral. Le poison des amours ancillaires...
La chute annoncée de ce petit bourgeois étriqué, mystifié par ses sens, s'étire indolemment. Le récit, boueux, suinte d'une mélancolie oppressante et les personnages, peu attachants, s'y débattent avec une conscience balbutiante. Ramuz, d'une précision horlogère, détaille, énumère, inventorie lieux et objets avec une écriture volontairement blanche, mêlant présent d'évocation et imparfait d'action. Ironique, mais du bout des lèvres, il déplace ses pauvres figurines dans une Suisse miniaturisée, un univers de carton-pâte qui se reflète dans les eaux froides du Léman.
Avec cette histoire de cocuage piteux -l'adjectif jaune ponctue, tel un mantra malfaisant, tout le texte- l'écrivain, en Flaubert étique, n'a certes pas démérité mais ne m'a convaincu qu'à demi.
Un lac d'ombres... et d'ennui.