Le Passe-Muraille - Marcel Aymé

Sans doute le plus célèbre des recueils de nouvelles de Marcel Aymé. Pourtant je n'ai que moyennement goûté ce mélange de contes fantastiques et de fables réalistes.

Si les idées de départ semblent prometteuses, l'écrivain peine quelquefois à parachever ses récits. Ainsi en est-il de cette pochade autour d'une malheureuse ubiquiste qui se répand de façon exponentielle aux quatre coins du monde (Les Sabines) ou de cette autre qui explore le contingentement du temps de vie -La Carte est écrite en 42 et fait un sort aux tickets de rationnement- : le récit se dilue, le tonic se détrempe en lavasse...

Abandonnons sur le bord de la route une poignée d'insignifiances poussiéreuses (Légende poldève, Le Percepteur d'épouses ou L'Huissier) et témoignons notre tendresse à une quinte majeure dans ce recueil désaccordé.

Le Passe-Muraille, nouvelle célébrissime, est aussi brillante que brève : même si des souvenirs télévisuels d'enfance en parasitent la lecture et que l'on revoit Bourvil en Garou-Garou trompetant à travers les cloisons de son immeuble, la lecture en est délectable.

Le Proverbe s'épanche sur les affres d'un cancre soumis à la férule d'un minable paterfamilias avec acidité quand Le Décret se joue cocassement des voyages dans le temps et que En attendant dresse un portrait terrible de la France occupée.

Pour ma part, je ressens une vive inclination pour Les Bottes de sept lieues qui allie folie douce et tendre âpreté : ce récit d'une enfance miséreuse trouve des accents dickensiens qui émeuvent réellement.

Aymé sans trop de désir.