
"Quelle est l'histoire ? Un fils qui veut se faire reconnaître sans avoir à dire son nom et qui est tué par sa mère et sa sœur, à la suite d'un malentendu." (Présentation de la pièce, Octobre 1944, Albert Camus)
Hiératiques, marmoréens, les protagonistes du Malentendu déclament contre l'ineptie d'une vie qu'un coup de dé peut à tout moment néantiser et cette tragédie triviale trouble l'âme sans l'apaiser.
Le Destin est en marche qui ne supporte ni le mensonge, ni le silence. Les rêves s'entrechoquent puis se brisent (celui de Jan -retrouver les siens-, celui de sa mère -dormir enfin- et celui de Martha -partir au loin-) et leurs écales jonchent une scène absurdement inane. Les parts de mort sont équitablement réparties (le mal attendu ?).
L'ultime réplique qui clôt l'invraisemblable histoire, le "Non !" cinglant d'un vieux serviteur sourd, Moros d'occasion, est sans appel : Dieu n'habite plus ici (le mal-entendu !).
Rappel : Le théâtre ne s'estime qu'à l'épreuve de la scène. Jugement personnel qui m'interdit souvent de jouir de la lecture d'une pièce. M'y manquent la couleur d'un timbre de voix, la chaleur d'une présence, la vision d'un prophète, le metteur en scène.