
Une vieille richarde acariâtre souffre difficilement l'irruption dans le grand appartement où elle se morfond de Joëlle, une auxiliaire de vie. La fille de Joëlle, profitant d'un quiproquo, endosse l'identité de la petite-fille de la douairière.
Une histoire très construite, une mise en scène sage et presque appliquée, des dialogues terre à terre... Voilà qui pouvait faire craindre du bon vieux théâtre à l'ancienne, une blanquette dramatique. Que nenni ! L'histoire nous émeut, les répliques semblent naître de l'instant et le talent des trois comédiennes transcende l'ensemble.
Si Catherine Hiegel se montre impériale en grincheuse cacochyme portée sur le pousse-café et les regrets, Milena Csergo sensationnelle en fille paumée à la croisée des chemins, c'est l'épastrouillante Clotilde Mollet qui m'a bluffé. Son jeu d'un naturel troublant, son phrasé vériste échappent à tous les poncifs : c'est du "théâtre-vérité", du documentaire sur le vif, bref la vie au plus près.
La pièce de Catherine Anne, un peep show doux-amer, résonne en chacun de nous et s'inscrit dans la lignée de celles du discret Tilly : elle magnifie le quotidien, sublime le trivial et reflète nos destinées.
Un très joli moment.