"Qui de nous sait si (...) quelque esprit ami (...) dans mes pages brèves, Quand je ne serai plus, démêlera mes rêves !"
Dans les archives de Bernard de Fallois, dormaient des esquisses de nouvelles (écartées du volume Les Plaisirs et les Jours) et quelques paperolles préparant le grand œuvre à venir.
Le distingué Luc Fraisse nous en offre une guirlande commentée qui réjouira l'expert en proustologie mais risquera de décevoir l'amateur intimidé.
Comme dans nombre de bouquets, on y respirera de subtils parfums, on admirera l'harmonie des couleurs mais on pourra s'y écorcher à quelques épines (textes lacunaires, exégèses pour spécialiste et allusions savantes).
On a déjà beaucoup glosé sur le fait que le jeune Marcel ait préféré escamoter cette poignée de nouvelles plutôt que de dévoiler au grand jour ses préférences pour les amours uranistes. J'y ai relevé, pour ma part, quelques (trop ?) brefs effleurements sensuels quand Proust évoque "ces soldats dont le ceinturon est long à défaire" ou des "lèvres rouges qui se mordaient nonchalamment comme on mâchonne une fleur".
Pour passer un moment à l'ombre d'un jeune écrivain en herbe...