L'Arlequin de Thomas Jolly, revisité par Kurt Weill et Karl Valentin, a des allures de cabaret berlinois : la pimpante Piccola Familia (la compagnie du jeune metteur en scène) s'y régale à danser, chanter et jouer dans un esprit clownesque la comédie badine de Marivaux.
Une Fée, plus toute jeune, s'éprend du dadais Arlequin qui, tout sot qu'il soit, se verra débrutir par la mutine bergère Silvia : une fois déniaisé, hors de question pour notre coquebin de tomber dans les bras de l'accorte magicienne, l'amour est plus fort que les sorts !
Dans une gamme restreinte -le blanc de l'innocence (le candide Arlequin), le rouge de l'amour (la pétillante Silvia) et le noir de la concupiscence (l'intrigante Fée)- et à l'aide de quelques bouts de ficelle, Thomas Jolly nous offre une mise en scène follement inventive et nous plonge dans son univers fantasmagorique et décalé.
Virevoltants, les comédiens, dans une connivence palpable, jouent vivace la même partition. Julie Bouriche (une Béatrice Dalle comique) mène le bal et incarne souverainement une fée pleine de rouerie tandis que Romain Tamisier poétise la candeur de son Arlequin avec finesse.
Du théâtre al dente qui préserve la couleur et la saveur de Marivaux. Bravo !