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La vie errante

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Mes goûts et mes couleurs


Confusion des sentiments - Stefan Zweig

Publié par Thierry L. sur 26 Mars 2019, 21:09pm

Catégories : #Lu

Un étudiant bambocheur renoue avec ses études quand, s'étant éloigné de Berlin, il atterrit dans une bourgade provinciale. Là, il s'entiche de son vieux Professeur de littérature anglaise, s'installe dans la maison de ce dernier et partage même sa vie de couple. Attrait partagé.

De plus en plus enflammé par le charisme de ce maître, il le trahira cependant avant de comprendre que ce qu'il estimait être une inclination intellectuelle de la part du vieil homme dissimulait un penchant moins avouable. "Il appartenait à la race de ces êtres moins contradictoires qu'ils n'en ont l'air, dont l'idéal est viril, justement parce que leur tempérament est féminin, et qui sont dans la vie pareils, en apparence seulement aux autres hommes (...)" comme l'écrit Proust.

Il faut avouer que la longue nouvelle de Zweig a vieilli bien malgré elle. Si on sourit de la naïveté désarmante du jeune Roland qui, enfermé dans un escape ga(y)me, n'y relève aucun des indices pourtant confondants qui devraient lui crever les yeux (le Professeur vénère le théâtre de Christopher Marlowe et les sonnets de William Shakespeare, orne son bureau d'un Ganymède sculpté et d'un Saint Sébastien peint, est marié à une jeune femme délicieusement androgyne...), on fait la grimace devant le ton doloriste employé par Zweig lors de la confession de notre  masque, "avide de mettre à nu son cœur molesté, empoisonné, calciné, purulent"... 

Cette novella, petit traité du vain combat, parvient in fine à nous arracher des frissons lors des ultimes et bouleversants aveux du vieux faune à ce jeune corps qui le fuit. On applaudit alors l'empathie de l'écrivain pour la condition homosexuelle de son temps : vilipendés, exclus, bafoués, que pouvait être la vie de ces hommes (et de ces femmes) "sans honneur que précaire, sans liberté que provisoire (...), sans situation qu'instable" (Proust toujours) ?

Transcendé par un style irréprochable bien que suranné, ce bréviaire pour garçon sensible reste un must-read du gai savoir.

Confusion des sentiments - Stefan Zweig
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