
"Conrad, lui, est un homme secret et même verrouillé, à triple tour, et le serrurier, c'est lui : il n'a jamais confié à quiconque la clef du dispositif."
Biographie plaisante mais qui, au final, en dit bien peu sur le grand homme. La vie de Joseph Conrad fut ponctuée de voyages d'un bout du monde à l'autre, de crises de gouttes pour lui et d'opérations aux genoux pour son épouse Jessie, de déménagements impromptus et d'endettements chroniques.
Quelques anecdotes surprenantes viennent heureusement rehausser de teintes chaudes cette vie en grisaille : le manuscrit de Karain disparu lors du naufrage du Titanic, un malencontreux voyage en Pologne le jour où la guerre de 14 éclate, etc.
On aurait aimé que Michel Renouard s'aventure un peu plus loin sur les mers conradiennes et nous livre des clés sur l’œuvre et le travail du génial romancier.
Le lecteur curieux sera subjugué par le nombre impressionnant de célébrités dignes de romans que Conrad croisa au long de ses périples : de la sulfureuse Jane (Foster) Anderson à la tenancière de bordel Cora Crane (compagne de l'écrivain Stephen Crane) en passant par le collectionneur John Quinn, une relation purement épistolaire.
Le lecteur malicieux se demandera, espièglerie bien innocente, pourquoi Conrad cabota-t-il si souvent parmi de jeunes hommes sensibles : Roger Casement, Robert d'Humières, l'incontournable André Gide, le Baron Jacques d'Adelswärd-Fersen, Lady Ottoline Morrell (à qui la photographie rend assez bien hommage à un physique masculin) ou Norman Douglas... ?