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C'est une fêlure, une fissure... Accepter sa finitude, celle de ceux que l'on aime et prendre conscience que jamais nous ne ferons qu'effleurer l'essentiel : dire la vie, l'amour et la peur de la mort.
Louis (Gaspard Ulliel, bouleversant en fragile fantôme) va mourir : chacun le comprend autour de lui mais personne ne lui laisse l'occasion de l'annoncer. Parle-moi, étreins-moi, comprends-moi, mais ne me dis rien : les mots ont le pouvoir étrange de réaliser ce qu'ils recouvrent. Dire "je vais mourir" c'est mourir déjà.
Dire "je vais mourir" c'était pourtant le but de sa visite dans cette famille qui ressemble à tant d'autres avec sa mère qui radote l'Eldorado de l'enfance (formidable Nathalie Baye qui se protège de la douleur en feignant la légèreté), son frère mutique et blessé (Vincent Cassel intense), sa sœur en révolte (Léa Seydoux très juste)...
"Gruppo di famiglia in un interno" mais devant témoin (Marion Cotillard, superbe).
Si dire "je vais mourir" c'est mourir, dire "Je pars" c'est être loin déjà.
Car le film parle aussi de la distance qui s'installe entre ceux qui s'aiment le plus dès lors que leurs vies bifurquent (géographiquement certes, mais aussi socialement, intellectuellement et sexuellement) : devenir étranger parmi les siens!
Une question reste sans réponse : comment, si jeune, Xavier Dolan peut-il empoigner le texte de Lagarce (écrit à 30 ans mais en côtoyant déjà sa mort prochaine) et le tordre afin de nous donner ce film déchirant qui parle forcément à celles et ceux qui entrevoient déjà les confins de leur vie et de celles de leurs proches ? Son talent est immense et je lui dédie mes larmes.